Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? La réponse est toute simple. J'ai habité dans cette ville depuis ma naissance. C'est mon chez-moi, ma maison. Je me voyais mal étudier ailleurs. Je n'avais pas l'envie comme mon frère aîné de faire mes études ailleurs dans le monde. Je suis bien ici et je ne pense pas que ce soit près de changer. Et puis, mes parents ont également fait leurs études ici. Ils s'y sont rencontrés. La preuve qu'il y a plus de positif qui en ressort.
Quelles sont vos sources de financement universitaire ? En partie mes parents, mais je fournis également grâce à un boulot. Ils ont de l'argent, mais je ne veux absolument pas abuser, surtout qu'il n'y a pas que moi à l'université dans la famille.
Que pensez-vous du système de confrérie ? Lorsque j'étais un peu plus jeune et encore maintenant, je pensais que ce système était injuste. On place les gens dans des catégories bien définies, alors qu'au final, ils sont tous différents. Je ne juge pas les gens qui en font partie, mais personnellement, je ne veux pas être défini par une fraternité. Je n'ai donc postulé pour aucune confrérie à mon entrée à l'université. Cela ne m'empêche pas de venir aux fêtes organisées par ces dernières et de parler aux gens qui en font partie. Ce n'est simplement pas fait pour moi.
D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ?non.
«
Je vais commencer à croire que tu le fais exprès Ash! » me balança mon grand frère. Je le regardai quelques instants ne comprenant pas trop ce qu'il voulait me dire. «
Non, mais pour vrai? Tu ne rêves pas d'autre chose que Chicago? Il y a tellement plus que ce coin de pays! Viens avec moi! Je vais te faire découvrir le monde! » continua-t-il. Non, je ne rêvais pas de voyager, de vivre ailleurs. Je l'aimais bien mon petit coin de pays. J'y étais née et j'y avais vécu toute ma vie. Mes parents s'y étaient établi depuis leurs études universitaires. «
Je ne suis pas comme toi.... » lui répondis-je, soupirant. Mon frère aîné essayait depuis un moment de me faire changer d'avis, mais rien n'y faisait. J'étais têtue, que voulez-vous? Il soupira à son tour. «
D'accord... J'ai compris... Mais on va continuer de se parler souvent n'est-ce pas? » demanda-t-il finalement. Je fis « oui » de la tête. Mon grand frère était très important pour moi. Il avait deux ans de plus que moi. C'était mon héro. Et ne plus le voir régulièrement me fendait le cœur. Mais je savais très bien que s'il restait ici, il allait être malheureux. Il avait toujours été comme ça, un rêveur. Je ne serais jamais comme lui. J'étais du genre fan du confort. Et l'inconnu, c'était très peu pour moi. «
Je dois y aller.... On se reparle bientôt... je t'aime petit sœur... » conclu-t-il en me serrant dans ses bras. Je humais son parfum une dernière fois. C'était le jour du grand départ pour lui... Et quelque chose venait de se briser dans mon cœur.... Une partie de moi partait avec lui... «
Je t'aime aussi... »
* * *
«
C'est le jour de la rentrée! » cria ma mère au travers de la maison. J'ouvris un œil, puis l'autre. Je n'étais pas aussi enthousiaste qu'elle, mais j'étais tout de même excitée. Mais me lever aussi tôt, non, pas vraiment. Je mis la couverture sur ma tête, mais je n'avais pas le choix. Il me fallait affronter cette journée. Je me levai, allai prendre une douche vite fait et m'habillai. Aussitôt fait, je descendis à la cuisine. Ma mère me sourit. Elle était fière de moi. Mon père aussi, mais ce dernier était déjà parti au boulot. Ce dernier était médecin. Il acceptait mon choix de carrière, même si je savais très bien qu'il était un peu déçu. Il aurait aimé au moins qu'un de ses enfants suivent le même chemin que lui... «
J'ai une surprise pour toi! » ajouta ma mère, qui soit dit en passant était professeure au secondaire. Je fronçai les sourcils ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. Mais je compris mieux son enthousiasme. Elle me présenta l'ordinateur portable. Skype y était ouvert. Et la surprise d'y voir mon frère aîné! « S
alut la soeur ! C'est la rentrée aujourd'hui! Tu as hâte? » me demanda-t-il. J'étais tellement heureuse de lui parler. Il m'avait terriblement manqué ! «
T'étais passé où le frère? Ça fait un bail qu'on a pas entendu parlé de toi! » lui dis-je. J'étais heureuse, mais il s'agissait aussi d'un semi-reproche. Je m'étais inquiétée pour lui. «
Ahhh! l'internet, ça va, ça vient... » me confia-t-il. Mais je ne pouvais pas être fâchée contre lui, c'était impossible. Il me raconta alors ses dernières aventures. J'aurais aimé lui parler bien plus longtemps, mais il fallait que j'aille récupérer mes choses à l'université et assister à mes premiers cours. «
Sois prudent s'il te plait! On se reparle bientôt j'espère! Je t'aime! » lui dis-je, et je lui fis un clin d'oeil avant de couper à contre-coeur l'ordinateur. Cette première journée était bien plus intéressante que je le pensais.
* * *
J'étais assise sur le gazon. Les larmes avaient séché, mais les traces de la tristesse restaient toujours marquées sur mon visage. Cela faisait des jours entiers que je pleurais sans cesse. Une partie de moi était morte, morte avec lui. Je me souvenais de la dernière fois où je lui avais parlé. Il m'avait dit que tout allait bien. Je n'aurais jamais cru que ce serait la dernière fois que je le verrais sourire, que je l'entendrais rire. La vie l'avait quitté. Il était mort. Mon frère aîné, mon héro. Lui qui avait toute la vie devant lui. Il s'était éteint. Mais je savais très bien qu'il n'aimerait pas me voir comme ça. Je l'imaginais parfois à mes côtés, me serrant dans ses bras ou me tenant par la main. Il voudrait que je me ressaisisse, que j'affronte le monde, que je vive. Il était trop tôt pour que je saches si j'allais m'en sortir... Il me manquait terriblement. «
tu viens Ash? » demanda mon meilleur ami. J'acquiesçai. Ce dernier me prit par la main et on s'éloigna de sa tombe, et puis du cimetière....
* * *
Cela faisait déjà quelques temps qu'il nous avait quitté. J'avais continué à vivre, mais une partie de moi, malgré tous mes efforts, n'avait pas suivi. Les problèmes de santé avaient commencé. L'anorexie s'était emparée de ma vie. Personne ne l'avait remarqué au début, puis on s'était inquiété pour moi. Mais ils ne pouvaient rien y faire. J'étais dans mon monde. La seule personne qui pouvait m'aider à m'en sortir était moi-même. Mais je n'étais pas prête. J'avais pourtant continué mes études en langues et en tourisme. Je cachais ma tristesse et mon mal être tant bien que mal. Mais je ne sais pas encore combien de temps je vais pouvoir tromper les apparences. Je ne suis plus la même fille qu'avait. Le redeviendrais-je un jour? Seul le temps allait le dire....