But there's a scream inside that we all try to hide ❖ Erzolia

Je devais sortir. L'ambiance à la maison est des plus tendues. Bon... J'avoue que c'est de ma faute. Dès le départ, j'ai tout fait pour qu'elle me déteste. Je pense à mon comportement, ici, dans ce bar, en faisant tinter les glaçons dans mon verre de whisky. C'est le bordel. J'aurais probablement pas dû accepter l'invitation de Natacha à emménager chez elle le temps que je me trouve une autre option. Si mon ancien colocataire, Dale, n'était pas parti aussi vite aussi. Du coup, voilà, je me retrouve colocataire à une fille pour laquelle je commence sérieusement  à avoir des sentiments. Pourquoi je ne prends pas de risque? Quinn, il était ma moitié, l'amour de ma vie. En plus, cette femme est mon enseignante en français. La belle affaire! Je finis mon verre d'une traite et commande la même chose. C'est la première fois que je viens dans ce bar. Avant, je vivais dans le Sud de Chicago donc j'allais dans les bars miteux qui s'y trouvent. Maintenant, j'essaie de trouver d'autres endroits sympas. Celui-ci est pas mal en fait. L'ambiance est bien sans être trop achalandée. Il y a bien que moi pour aller dans un bar, boire la tête baissée et ne parler à personne. D'ailleurs, la dernière fois que j'ai parlé à quelqu'un dans un bar c'était à Natacha. Je ne tiens pas particulièrement à me retrouver dans une situation encore plus compliquée. Si je ramène quelqu'un à la maison, je blesserai beaucoup trop Nat' et ce n'est pas mon but. Je risque un coup d'oeil à la salle et mon regard croise celui d'une brunette dont le visage m'est familier. 

Erza, une très jolie brunette que j’ai eu… le malheur… de rencontrer. Ok. J’exagère un peu, mais il faut dire qu’elle n’y est pas allée de mains mortes. Je ne suis pas le genre de fille qui aime se faire juger et encore moins par des gosses de riches. Ça me met les nerfs à vif. J’ai été gentille avec elle et en retour j’ai eu droit à un comportement à la limite du dégoût. Je n’arriverai décidément jamais à m’entendre avec un gosse de riche. Préjugés ? Oui, mais ça me fait du bien de penser ainsi alors je ne vais absolument pas m’en priver. J’observe l’étudiante un moment. Il ne faut pas être une lumière pour comprendre qu’elle est complètement bourrée. Bordel, elle arrive à peine à tenir sur ses jambes. Je remercie intérieurement tous les entraînements que j’ai eu dans l’armée. Dieu merci je sais me tenir quand je suis saoule. Bon, je drague, mais au moins je ne perds pas l’usage de mes jambes. Jusqu’ici, j’étais plutôt amusée par son comportement, mais mon léger sourire a vite été remplacé par un sentiment tout autre quand j’ai vu son compagnon de beuverie glisser un cachet dans son verre. Je n’aime pas particulièrement cette fille, mais personne ne mérite ce qu’elle s’apprête à vivre. Je sens une rage folle s’emparer de moi. L’alcool y est probablement pour quelque chose, mais j’ai envie de me battre. En plus, oui, je me sens mal pour elle. Je finis d’une traite mon verre et me dirige vers eux d’un pas plus que déterminé. Putain, ce mec va y goûter. Par contre, on risque de me refuser l’entrée de ce bar pour les prochaines fois. Peu importe. «Hey toi! Ouais toi connard!» J’arrive avec un sourire amusé et dès que je suis à sa hauteur je lui colle mon poing sur la gueule. Je sens l’impact qu’à mon poing sur sa mâchoire et tout ça m’emplie d’une frénésie sans pareille. Le mec, comme je m’y attendais, essaie de riposter, mais j’ai vite fait de lui faire une clé de bras et de dire la mâchoire serrée : «Si je te vois encore une fois glisser de la drogue dans les verres des filles, j’te ferai regretté d’être né sac à merde!». Je relâche le gars en voyant la sécurité arriver et mets les mains en l’air pour leur signifier que j’ai fini mon cirque. «Toi, tu viens avec moi.», dis-je à l’intention de la brunette d’une voix plus douce. J’espère qu’elle ne s’avisera pas de refuser mon offre parce que je ne suis vraiment pas d’humeur. Elle doit rentrer chez elle. Dans quelques instants, la drogue fera effet et je devrai la porter sur mes épaules.