Une question de famille ✽ ft. Numa J.

Tenue de soirée

Les réunions de famille... je détestais ça. Essentiellement parce qu'en fait, je détestais ma famille et ce qu'elle représentait à mes yeux. Des menteurs, des violeurs, des usurpateurs, des faux... Je n'avais pas d'amour pour eux, peut-être simplement parce que quand mon grand-père me touchaient, ils avaient fermé les yeux. Ils ne m'avaient jamais cru. Qui rejetterait son enfant de la sorte après une telle révélation ? Certes, les enfants mentent souvent, c'est un fait, mais là... Non, je ne pourrais jamais pardonner à mes parents d'avoir fermé les yeux sur ce qu'Il m'a fait.

Cela, pour autant, ne me donne pas de dispense pour les réunions de famille, malgré moi. J'espère simplement ne pas croiser certaines personnes, voilà tout. Comme mes parents, mes grands-parents très vieux, même certaines cousine me sortaient par les trous de nez ! Néanmoins, aujourd'hui, j'avais quelque chose pour moi : j'étais belle. La plus belle, presque ? Bon, ce serait vantard de dire cela... mais je m'en sortais, je suivais des études que j'avais bientôt terminées, j'allais être indépendante pour de bon et ne plus rien avoir avec ces gens-là. J'espérais simplement arriver rapidement à l'année prochaine pour ne plus avoir à regarder leurs visages une fois l'an. Ou deux fois, dans le pire des cas.

Je souriais à certains, me présentais à d'autres conjoints ou conjointes que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, expliquant pourquoi j'étais là et de quelle branche de la famille je venais. Je finis par croiser l'une de mes anciennes cousines, à qui il était arrivé un drame avec son bébé, je crois. On m'avait raconté l'histoire et une ou deux fois, j'avais rencontré son mari mais je ne me souvenais plus de tous les événements en détails. Pour tout dire, je m'en fichais royalement de son sort, seul comptait le mien. Tout le reste de la famille ne m'avait toujours montré qu'indifférence, alors je ne faisais que la leur rendre.

Je finis par sortir sur le balcon de la grande bâtisse de réception et tombais sur un petit garçon apparemment paumé, ce qui me tira une grimace. Je n'aimais pas les enfants. Bon, c'était faux, ils ne me gênaient pas quand ils dormaient par exemple, mais j'avais de une beaucoup de mal à les supporter, et de deux peur d'en avoir. Donc en règle générale, je les évitais. Celui-ci, ce fut un peu plus difficile que de simplement passer à côté sans le voir. Il pleurnichait dans son coin et, levant les yeux au ciel, je finis par lui demander :

"Pourquoi tu chiales ? Ils sont où tes parents ?"
"J'suis venu avec mon papa mais j'le retrouve pas."

Encore une fois, je fis une mimique agacée et regardais autour de moi. Ce fut à ce moment-là qu'un homme entra à ma suite, appelant le petit garçon qui semblait se reconnaître.

Dans le fond, je n’étais pas très friand des réunions de famille. Enfin, quand c’était de mon côté, je n’avais pas à me plaindre. J’appréciais quasiment tout le monde. C’est surtout que parfois, il arrivait encore de croiser mon ancienne belle famille. Si je me forçais à y aller, c’était principalement pour Nathan, mon fils. En effet, c’était l’une des rares raisons pour lesquelles j‘acceptais ces fameuses réunions de famille. Pour qu’il voit ses cousins et cousines. Personnellement, revoir mon ex-belle famille, mon ex-copine, c’était une nouvelle fois me planter un couteau dans le cœur. Rouvrir la plaie qui n’a jamais été fermée. La plaie, enfin, les plaies à vrai dire. La mort de notre fille, la sœur jumelle de Nathan. Puis voir la mère de mon fils en compagnie de sa « meute ». Il était vrai qu’on se croisait souvent pour Nathan, quand nous prenions chacun notre tour de garde pour Nathan.

Alors que j’avais eu un moment d’égarement, Nathan avais échappé à ma vigilance. La bâtisse était assez immense, il fallait l’avouer. Je l’avais presque oublié. Je m’étais mis donc aux recherches pour le retrouver. Père poule que j’étais, j’avais activé le mode panique. Prévenir sa mère ? Jamais. Elle ne me pardonnerait jamais qu’il puisse échapper a ma vigilance. Au bout de cinq minutes qui m’avaient paru le double, je cru entendre une voix féminine demander à un enfant pourquoi il pleurait. C’est alors que j’accouru et reconnu avec grand soulagement Nathan qui pleurais a chaudes larmes. Je me dirigeais donc vers lui et le prit dans mes bras. "Je suis là, je suis là, calme toi. Papa est là." Puis je regardais la jeune femme qui était aussi présente. Je faisais genre de ne pas remarquer son comportement qui me paraissait un peu bizarre. Puis c’est alors que je lui dit : "Merci de me l’avoir retrouvé."

J’étais enfin rassuré d’avoir retrouvé mon petit poussin. Il commençait à se calmer. C’est alors que je me mis à sortir mon arme fatale de la poche. Un petit bout de tissu qui ne payait pas de mine. Certes, mais ce petit bout de tissus, c’était son doudou. Il se mit à se calmer quasi instantanément, dans mes bras. A vrai dire, je lançais un nouveau regard, intrigué, vers la jeune femme. Ce visage ne m’étais réellement pas inconnu… "Dites, on se connais il me semble…"

Tenue de soirée

Beurk les mômes… je me demandais vraiment à quoi cela pouvait servir, à part reproduire l’espèce. Mais s’il ne s’agissait que de cela, pourquoi en faire autant ? Apparemment, le fait qu’ils soient soit-disant mignons suffisait à compenser tous les aspects négatifs de leur existence. Bon, moi aussi j’avais été gamine, comme tout le monde, mais je ne comprenais vraiment pas en quoi procréer était quelque chose de… bien. Pro-capote jusqu’au bout des ongles, je serais presque prête à me faire avorter si un jour, on m’apprenait que j’avais un de ces aliens dans mon corps. Merci la pourriture…

Là, j’étais vraiment embêtée. Je ne savais pas comment gérer ce môme, encore moins deviner à qui il appartenait. Ils ne pouvaient simplement leur mettre des puces ou des tatouages expliquant à qui ils appartenaient ? Ce serait bien plus simple en cas de perte. Enfin, sauf si on voulait abandonner son enfant pour de vrai… Oups, je commençais à devenir un peu trop glauque. On m’interrompit d’ailleurs dans mes pensées. C’était un homme qui vint chercher ce qui semblait être son fils, apparemment. Il agissait de façon mielleuse, ce qui était à vomiiiiiiir. Mais bon, je me contentais de sourire, essayant de me rappeler d’où cette tête m’était familière.

« Vous pensez ? J’étais en train de me dire la même chose. Je suis une des cousines de cette grande famille, malheureusement. »

J’étais plutôt franche dans ma façon de me décrire face à cette famille. Il faudrait être sot pour ne pas comprendre que ma présence ici n’était pas de mon fait, mais plus une obligation qu’autre chose. Je soupirais et regardais le gosse frotter son truc poisseux contre son visage, me demandant quel doudou j’avais eu quand j’étais petite. Je ne m’en souvenais plus… pourtant, un doudou, n’est-ce pas sensé marquer la vie d’une personne ?

« Erza Brennan. »

Je lui tendis la main pour qu’il la serre, c’était bien suffisant comme ça. La bise ? Et puis quoi encore, qu’on se fasse un frotti ?

Tenue de soirée

En entendant son nom et prénom, je plissais les sourcils. Tiens, cela ne m’était pas inconnu, loin de là ! Je fus presque déçue d’apprendre qu’il faisait lui aussi partie de ma famille, non pas que j’aurais aimé fricoter ou quoique ce soit, mais cela aurait bien plus sympa de déverser un peu de poison avec quelqu’un qui n’était pas lié d’une quelconque façon à moi… ou à ma famille. Je soupirais, c’était bien dommage.

« Oui, je vois… Pour des enfants, voir les autres membres de la famille, c’est important. Enfin, c’est ce qu’on dit… »

Je terminais sur cette note un peu pessimiste. Moi et les enfants, ce n’était pas qu’on ne s’entendait pas, c’était simplement que je n’en avais rien à faire. Ils ne parvenaient pas vraiment à m’émouvoir, peut-être parce que l’innocence qui leur était propre m’avait été arrachée trop tôt. J’étais plutôt ravie, néanmoins, d’entendre que cela l’embêtait autant que moi de devoir rester ici. Et encore, lui c’était à cause de son marmot. Moi, je devais rester et je n’avais aucune raison valable ! Hoooooormis le fait que j’étais une Brennan direct. Merde alors.

« C’est le votre, donc. Vous êtes plutôt jeune pour avoir un marmot. Où est sa mère ? »

Je n’étais pas sensée être au courant, loin de là. Ou peut-être que si mais franchement, les histoires de famille, je n’en avais rien à carrer. Avec un peu de jugeote et une petite recherche dans mon esprit, j’aurais compris tout de suite qui était Numa et via quelle personne nous étions affiliés. Mais là, ça me sortait complètement de la tête et je trouvais ça mieux ainsi. Dans un sens, je ne voulais pas de lien avec aucune de ces personnes-là.

Bref, chaque bambin a sa maman, même moi j’en avais une. Absente, mais une quand même. Je ne savais même pas si on pouvait la qualifier de maman, à bien y réfléchir. Je soupirais en croisant les bras sur ma poitrine et l’indiquais du menton.

« Jefferson, ça vous dirait de sortir un peu de tout ça, dehors ? Avec votre m… enfant. »

J’avais du mal, aussi, à donner des noms affectueux aux enfants, c’était plus fort que moi ! Gosse, marmot, chiard… ces mots sortaient aisément de ma bouche. C’était à peine si je leur trouvais quelque chose de mignon. Le sien, par exemple, avait de la morve partout, les yeux rouge… berk, comment pouvait-on qualifier ces choses de mignonnes ?

Ma présence dans cette fameuse réunion de famille n’était due qu’à une seule raison. Nathan. Mais je ne cessais de me le répéter. Hélas, je devais prendre mon mal en patience et supporter tant bien que mal la vision de cette famille avec qui je n’avais pas énormément d’atomes crochus.

« Enfin, bon, si je le fais, c’est uniquement pour lui. Les événements familiaux ont fait en sorte que je préfère rester éloigner de cette branche de la famille. »

Les événements douloureux du passé ne cessaient pas de me remonter à l’esprit. Je n’avais pas encore croisé mon ex copine et je n’étais pas vraiment pressé. On se croisait le moins possible, sauf pour le passage de relais de garde de Nathan. Hormis cela, nos contacts étaient très rares. Mais pour en revenir à nos échanges d’identités, son nom de résonnait pas vraiment dans mon esprit. A vrai dire, je n’avais aucune mémoire des noms. Mais ce visage ne m’était réellement pas inconnu. Enfin bref, nous papotions, du moins, nous faisions connaissance. Puis nous parlions un peu de Nathan et Erza en déduisit donc que Nathan était mon fils. C’est souvent ce qu’on me disait quand j’annonçais que c’était ma couche culotte sur patte. Que j’étais jeune pour avoir un enfant.

« Je le concède et je l’avoue, nous l’avons eus jeunes avec sa mère. Hélas, sa sœur n’est plus parmi nous. Sa mère ? Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore croisée ce soir… nous ne sommes plus ensemble, enfin, je en suis pas là pour m’étaler sur la chose non plus. »

Puis je souris, moi qui voulais à tout prix éviter cette discussion, je m’y enfonçais sans réfléchir. Tel un mec qui fonçait sans avoir pris le temps d’y penser avant. Mais Erza me proposa par la suite de sortir et s’éloigner un peu de tout ce brouhaha et de cette famille qui nous rebutais tant. J’esquissais un sourire qui était synonyme d’acquiescement.

« S’éloigner de ce tumulte, de ces gens, oui, bonne idée. »

Je voulais emmener avec moi Nathan, mais en même temps, je pouvais très bien le laisser aller avec ses cousins que j’avais aperçus tout à l’heure en arrivant. C’est alors que je le posais par terre, et que je lui dis : « Dis, ca te dirais de rejoindre tes cousins à l’intérieur ? Je viens te revoir dans pas longtemps. »

Je le regardais s’éloigner en le surveillant puis dit à l’intention d’Erza : « Un peu tranquille pour discuter. »