J'avais tenu à venir à ce bal. Je venais d'arrivée en ville, et il était important que je me fasse des amis, enfin plutôt des connaissances dans un premier temps, mais le reste suivait, généralement, rapidement derrière. Je c'était pas non plus au point de vouloir me faire des amis à tout prix, non, j'avais l'habitude d'être seule, mais surtout de faire passé la qualité avant la quantité. Bien que dans ce nouveau rôle, il était fort probable, que j'allais être amené à me servir de personnes ! Après tout, je devais être plus dure, moins humaine, moins sensible et surtout moins loyale ! Ce bal commençait plutôt bien, et ce n'est pas le fait de me faire aborder si rapidement, qui me perturber le plus. C'était plutôt cette envie de danser, au fond de moi, alors que j'avais toujours eu horreur de ça. Même une simple valse, qui a mes yeux était nettement moins ridicule. La conversation commençait donc avec ce garçon, dont je ne connaissais rien, pas même le visage. J'avais pour seule information ses yeux d'un vert extraordinairement clair et troublant, et ce choix audacieux de costume, une veste rose, une chemise et un pantalon bleu marine. Plein d’audace encore une fois, mais je dois avouer que c'est loin d'être une faute de goût, bien au contraire. Mais, après tout, qu'est-ce que j'y connais vraiment en matière de goût... Moi l'orpheline qui a juste eu la chance de croiser la bonne personne ? Très vite, notre conversation reste tournée sur moi, et je viens à lui dire que cela ne fait que deux semaines que je suis en ville. Ça réponse ne m'étonne évidemment pas. Il est vrai que sans l'appui de mon père, je n'aurais jamais pu faire transférer mon dossier aussi loin dans l'année. L'administration avait évidemment refusé, jusqu'à ce que Graskill père fasse un don plutôt généreux à l'université. « Je verrais cela à la reprise des cours. » Je lui souris, oubliant complètement qu’il ne pouvait le voir à cause de mon masque.

Ne pouvant contenir plus longtemps ce besoin - incompréhensible - de danser, je propose au jeune homme de m’accompagner sur le parquet. Chose qu’il accepte sans hésitation, nous terminons alors nos verres de punch et il me temps sa main, pour me mener au centre de la salle. Il faut alors une remarque sur certaines personnes qui ont du faire les fonds de placards avant de venir au bal. Je cherche alors du regard, de qui il peut bien parler, et mise à part deux hommes habiller de façon plutôt... audacieuse également, mais clairement pas dans le même registre d’audace et mon compagnon de soirée. Je vois alors ses yeux ce posé sur moi, et il me fait un compliment mon choix de robe en m’avouant cash, que je sais me mettre en valeur. Je dois avouer que ce compliment me gêne dans le fond. Car je prends conscience qu’il a du me reluquer comme bon lui semblait et s’il l’avait fait, les autres peut-être aussi. C’est dans ces moments-là que j’étais heureuse d’avoir le masque, je n’étais pas obligé de jouer pour cacher ma gêne. « Et tu sembles être un homme de gout ! » Mon dieu, j’ai vraiment dit cette phrase d’un ridicule absolu ? Il va vraiment falloir que je m’habitue un peu plus à ce rôle et à ce nouveau moi. Que je prenne en assurance et tout ça... Au moins j’ai tout de même réussi à avoir le contrôle de ma voix, à défaut du reste. Une fois sur le parquet, la musique change et je me rends alors compte que ma main est toujours dans celle du jeune homme. Une voix annonce alors le Bal de Venise ouvert et que les gens sont conviés pour danser. Ouf nous n’allons pas être les seuls, c’est rassurant ! Le jeune homme se penche alors vers moi et me demande si je sais danser la valse. Je plisse les sourcils, j’avais bien reconnu la musique qui ce prêtait évidemment à une valse, mais j’étais loin de me douter, de trouvé ici, quelqu’un autre que mon frère, capable de la danser. « Lors d’un bal, non, mais j’en connais effectivement les pas. » Oui je n’aimais pas danser, même si c’était moi qui avais lancé cette invitation.

Je me mettais alors en position, posant ma main sur son épaule et gardant l’autre dans sa main. Il ne choisit évidemment pas la position conventionnelle en posant sa main sur mon omoplate, il la plaçait directement dans le creux de mes reins, exerçant même une légère pression, réduisant à néant tous les codes de base d’une valse. Au moins j’étais clairement fixé sur le personnage. Peut-être galant, mais sûr de lui et confiant dans ses capacités de séduction, qui plus est. Le genre d’homme que j’avais toujours évité, bien que j’en avais rencontré de plus en plus, à partir du moment où ces jeunes hommes avaient commencé à apprendre que leurs attributs sert pour autre chose que pisser ! Il fallait aussi avouer qu’à défaut de me laisser autre chose, mes géniteurs m’avaient doté d’un physique avantageux, bien que je n’avais clairement pas l’intention de m’en servir un jour, pour réussir ma vie. Ce qui parut le plus naturel dans tout cela, c’était nos pas. Mes pieds faisaient peut-être les choses de façon automatique, mais il me semblait en cet instant, qu’il n’y avait rien de plus naturel que cette danse. Mais surtout, j’avais enfin cette frustration d’évanouie et le plaisir de danser. « Un homme qui sait danser la valse, c’est peu courant. À moins d’y avoir été forcé, ou d'aimer les danses de salon. » Dis-je pour en savoir un peu plus sur lui, pour une fois que je n’allais pas être au centre de cette conversation.