Clyde H. Newman - Eh le p'tit génie !

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Parce que j'y suis né et que je n'ai jamais quitté Chicago. C'était comme une évidence de venir étudier ici. Et puis, je suis le premier de la famille à aller aussi loin dans les études, ça serait dommage de ne pas en profiter.

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Ma famille n'ayant pas d'argent (ou très peu), l'argent ne vient pas de là. En fait, étant donné mes compétences intellectuelles, j'ai obtenu une bourse universitaire, payant ainsi tous les frais de scolarité. Je travaille à côté, pour mes dépenses personnelles. On pourrait me considérer comme un homme à-tout-faire puisque je peux très bien entretenir le jardin ou l'intérieur d'une maison, garder des enfants, être serveur le temps d'une soirée. Mais j'adore ça.

Que pensez-vous du système de confrérie ? Depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours voulu faire parti d'une confrérie ou plutôt d'un groupe. C'est juste quelque chose que je n'ai jamais connu à cause de mon QI trop élevé. Alors quand on m'a parlé de la fac et de ces fameuses confréries, je n'ai pas hésité. Il aura fallu attendre trois ans et mes 18 ans pour que  je suis puisse en intégrer une mais j'y suis. Elles apportent quelque chose de plus. J'ai jamais vraiment eu de potes donc y entrer était une évidence. Ne serait-ce pour trouver des gens qui ne me jugeraient pas pour ma différence.

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Arrivé il y a six ans à l'université, j'étais trop jeune pour faire parti d'une confrérie (15 ans), j'ai donc attendu d'être en troisième année d'anthropologie (18 ans) pour tenter d'entrer chez les Zéta Psi. J'entame donc ma quatrième année chez eux. Étant un gros travailleur (et petit génie de surcroît), il était évident de les choisir. Ce sont des personnes comme moi. Bosseurs, un peu solitaires, tournés vers les autres. Je m'y sens bien, comme un poisson dans l'eau. Mon année de bizutage a été une expérience hors normes. Il m'a fallu entrer en cours d'anatomie, totalement nu, et tenir le plus longtemps possible dans l'enceinte de l'amphithéâtre avant que l'agent de sécurité n'arrive. Et ce plusieurs fois sur l'année. Je devais aussi chanter à toutes les pauses repas. Le tout affublé d'un costume de kangourou. Ceci pendant un mois. Et le plus fun dans cette histoire, c'est que j'ai adoré faire tout ce qu'on m'a demandé. Je pourrai faire la liste des défis mais elle est tellement longue. Cela allait de la petite bricole au gros défi.

Ma grand-mère me dit toujours : « N'oublie pas que dans la vie les choses se produisent pour des raisons hors de ton contrôle. Tu dois te rappeler que la seule façon de vraiment s'épanouir dans la vie est de n'avoir que des attentes positives ». Ce petit bout de femme est une vraie philosophe et la personne qui me connaît le mieux. Elle a été celle qui m'a élevée depuis mon plus jeune âge. Pourquoi ? Parce que mes parents ont eu un accident de la route. Un accident mortel. J'avais même pas un an quand ça s'est produit. Depuis, nanou a été là pour moi. En plus d'être ma grand-mère, je la considère comme ma mère, ma confidente, mon amie. Elle a toujours su me comprendre et m'emmener sur le droit chemin. D'ailleurs, je me rappelle de ce jour de décembre. Nous étions près du feu de cheminée, à boire un chocolat chaud. Elle était en train de tricoter.

Flasback

Clyde, dis-moi : quel jour sommes-nous ?
Vendredi 15 Août, nanou.

Et que fêtons-nous ?
Mon anniversaire.

Tu as quel âge ?
Six ans. Pourquoi toutes ces questions, nanou ?

Pour nous créer des souvenirs, mon bonhomme. Pour que nous n'oublions pas d'où nous venons. (Pause) Raconte-moi ton histoire, Clyde. Dis-moi d'où tu viens.
Je suis né à Chicago et j'ai une grande sœur, qui s'appelle Sasha. Je suis en troisième année à l'école primaire.

A ton âge, tu ne devrais pas être en première année, Clyde ?
Normalement, si mais j'ai passé des classes sans que l'on me le demande.

Pourquoi ?
Parce qu'on m'a dit que j'étais trop intelligent. Un jour, on m'a fait passer des tests. Ils étaient trop faciles. Et puis, hop, Clyde en troisième année. J'ai pas compris.

Tu comprendras bien assez tôt. Tu sais, ce que tu as est un don de Dieu. Et qu'est-ce que tu voudrais faire plus tard ?
Médecin.

Et pourquoi donc ?
Pour sauver les gens pardi.

Fin du flasback

Il s'est avéré que je présentais un QI largement supérieur à la normale. 143, pour être précis. Pour ma grand-mère, cela considérait une chance pour la famille. Personne n'avait pu aller à l'université. Alors, quand on m'a proposé une bourse pour pouvoir y entrer, je n'ai pas fait la fine bouche. J'ai accepté volontiers. J'avais seulement 15 ans quand j'ai posé les pieds là-bas, me demandant si ma place était bien là. Je me sentais mal à l'aise, presque étouffé par tous ses jeunes plus âgés. Mais après quelques semaines, cela ne se voyait guère. Pendant mes trois premières années, je n'ai pas pu faire parti d'une confrérie puisque j'étais trop jeune. Cela ne me dérangeait pas tant que ça, préférant me consacrer à mes études plutôt qu'à faire la fête. J'étais là pour ça, non ? C'était normal, pour moi, de rester dans ma chambre à étudier pour espérer un monde meilleur pour ma famille et pour moi-même. Et puis, à mes 18 ans, j'ai tenté. Chez les Zéta Psi. Le bizutage a dépassé ce à quoi je m'attendais. Littéralement. Cependant, je n'ai jamais fléchi. Même si cela ne se voit pas, je suis quelqu'un qui ne lâche rien et pour preuve. Après des mois de bizutage, je faisais parti de leur confrérie. J'ai rencontré des personnes qui, comme moi, recherchaient la connaissance et l'envie d'en savoir plus. Ils nous arrivaient quand même de faire des soirées, histoire de profiter un peu de nos années ici mais j'aimais cette ambiance travailleuse. Depuis maintenant, un peu plus de trois ans, je fais parti d'un groupe. Chose que je ne connaissais pas avant. Je suis heureux d'en être là, ici, à l'université. Et je fais la fierté de ma sœur et de ma grand-mère.