ZEKE (+) what's happens when the kids grow up

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Ma mère est née ici et y a passé une majeure partie de sa vie, en tout cas jusqu'à ce qu'elle parte faire ses études en Irlande, rencontre celui qui lui a caché sa vie, c'est à dire mon géniteur. J'ai toujours admiré ma mère, elle m'a élevé seule, du mieux qu'elle a pu même si j'avoue n'avoir pas toujours eu un comportement exemplaire. Alors, au moment où les inscriptions pour l'université sont arrivés, j'ai eu un déclic, j'ai décidé de sauter le pas, de voir quelles étaient mes origines maternelles et me voilà à Chicago depuis sept années.

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Quand je me suis inscrit à l'université, j'ai eu de la chance de bénéficier d'une bourse que j'ai malencontreusement perdu ... Bon j'avoue tout est de ma faute, mon incapacité à remplir la paperasse à l'heure a du y jouer un role important je pense mais il pourrait penser aux étourdis comme moi franchement. Du coup j'ai du me débrouiller par moi-même malgré quelques aides de ma mère. Je me suis trouvé un boulot au cinéma pour vendre du pop corn. Il faut dire que j'ai toujours eu pas mal de chande et d'opportunité, alors entre le pop corn gratuit, les horaires qui me laissent largement le temps d'aller aux fêtes universitaires, voir de prendre le temps d'aller à la bibliothèque, je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre.

Que pensez-vous du système de confrérie ? Vu de mon île, je pensais ce système stupide, c'est vrai que repartir des étudiants selon leur caractère ou leur physique m'énervait passablement. Moi qui aime discuter avec tout le monde, j'étais certain de ne jamais avoir envie d'en intégrer une. Mais c'était sans compter cette magnifique américaine qui m'a insité à venir voir ce qui se passait durant une fête universitaire. Là-bas j'ai vite saisi que si je voulais me faire des amis rapidement et surtout pouvoir m'éclater, il allait falloir que je choissise une confrérie et c'est aussi à cette soirée que j'ai rencontré les membres des Delta upsilon. Je n'ai pas hésité une seconde pour tenter ma chance.

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Quand je suis arrivé à Chigago, il y a maintenant sept ans à Chicago, je ne connaissais au système des confréries, pour moi, un européen, on se faisait juste un groupe de pote et puis on restait avec eux et on pouvait intégrer qui on voulait à notre joyeuse bande de tarés. Mais dès ma première fête universitaire, j'ai vite compris qu'ici la vision de frères et de soeurs d'une sororité était bien plus forte. J'ai donc décidé de poster ma candidature aux Delta. Pourquoi ? C'est simple, ils ont une vision des choses similaires à la mienne : faire la fête, s'amuser, ne pas changer ce qu'on est pour impressionner ses amis, tout en continuant à essayer de réussir ses examens. J'ai toujours aimé me saouler, faire de nouvelles expériences et surtout, surtout discuter avec qui j'ai envie sans me prendre la tête et pour moi les Delta sont les meilleurs dans ce domaine. De plus, les frères et soeurs de cette confrérie sont ouverts et ça, ça me plait. Je n'aime pas mettre des étiquettes sur les personnes que je rencontre, je m'entend aussi bien avec les sportifs qu'avec les intellectuels et je peux aussi bien parler d'un bon bouquin que je viens de finir que les derniers scores de la NFL. Je suis quelqu'un d'assez étéroclite qui aime s'amuser et rigoler. C'est donc d'un pas déterminé que je me suis proposé chez les Delta Upsilon, l'année de bizutage ne faisant pas peur. J'étais prêt à accepter presque n'importe quoi, la nudité ne me faisant pas peur, surtout pas avec quelques Guinness dans le nez ou pour impressionner une jolie fille. Bizarrement la deuxième solution n'a marché que rarement, je n'ai jamais compris pourquoi, avec un tel corps d'Apollon qui ne fait que du sport en équipe et jamais de musculation. Ceci dit, je n'ai pas toujours eu beaucoup de chance durant mon année de bizutage, j'ai du aller chercher une dizaine de cochons, les mettre dans un camion et les amené au stade pour qu'il piétine le gazon . Tout ça aurait pu être facile, si seulement je n'avais pas du faire ça à trois heures du matin après avoir fait une roulette russe pour me saouler.

Cette année commençait déjà bien, j'avais passé une soirée mémorable la veille avec ma confrérie et je sentais des relents de vodka, brulait lentement ma gorge. C'est donc avec difficulté que je pressais le pas pour ne pas être en retard au premier cour de la journée. C'était une option mais le cours d'écriture m'avait toujours passionné, surtout que je souhaitais plus que tout intégrer une maison d'édition à la fin de mes études. En entrant dans la salle, celle-ci avait changé de disposition pendant l'été. Comme à mon habitude, je m'assis vers les premiers rangs mais toujours collé à la fenêtre pour rêvasser de temps en temps. Certains élèves étaient déjà en train d'écrire sur leur ordinateur et d'autres essayaient tant bien que mal de trouver l'inspiration. Une fois mon ordinateur allumait, je posais enfin mon regard sur le tableau, écrit en immense "Si vous deviez écrire vos mémoires en quelques mots. Soyez synthétique". C'était un sujet bateau, mais pas si évident que ça, je pris une profonde inspiration pour me donner des idées et me mis à tapoter frénétiquement sur mon clavier, les mots apparaissant comme par magie dans mon esprit.


Je porte le nom de Peters mais le nom de celui qui a mis ma mère enceinte et tout autre, s'il m'avait reconnu, je serais devenu un O'Flaherty. C'est ainsi que malgré mon pays de naissance, mon nom de famille m'a toujours rattaché aux Etats Unis. Petit, j'étais un enfant brillant mais turbulent, le jeu était pour moi mon échappatoire à une famille trop restreinte à mon goût. Ma mère n'avait plus de parents et elle ne parlait plus à son frère depuis son déménagement à Dublin, pour ce qui est de mon géniteur il avait claqué la porte dès qu'il avait appris pour moi. Cette absence paternelle a été difficile durant mon enfance et en y repensant je sais que je n'ai pas toujours été l'enfant parfait mais j'aimais ma mère plus que tout au monde et lui faire de la peine m'était insupportable. Maintenant que j'y repense, les meilleurs moments que j'ai passé était forcément des moments partagés avec elle : les samedis soirs cinéma, les vacances dans le sud-ouest de la France, Noel à la mer ...

A l'adolescence, ma relation avec elle a changé, pour devenir plus électrique et protectrice. Seule personne dans ma vie, je ne voulais pas voir un homme entrer dans nos vies et tout détruire. Mais cela faisait trop longtemps qu'elle était seule et elle voulait qu'on la désire, qu'on l'aime comme une femme et non seulement comme une mère. Patrick est donc arrivé avec ses deux filles, une plus jeune et l'autre plus âgée que moi. Mécontent de cette situation, la seule solution que mon esprit perturbé par ses hormones ait trouvé fut de coucher avec mes deux "belles-soeurs". Malheureusement pour moi, ça n'a pas fonctionné comme je le souhaitais, ma mère m'a écarté de la famille en me changeant d'établissement scolaire et en me faisant déménager chez une amie à elle. J'ai passé trois années à la hair pour cet abandon jusqu'à ce que je tombe à mon tour amoureux pour la première fois. Je suis alors devenu plus calme, comprenant enfin pourquoi celle qui m'avait donné la vie voulait refaire sa vie. C'est aussi à ce moment-là que j'ai eu envie de comprendre qu'elles étaient mes origines maternelles. J'ai pris la décision, avec mon professeur de littérature, de partir à Chicago faire mes études après une douloureuse rupture avec ma première copine.

Quelques mois plus tard, je prenais l'avion pour la première fois. Mon coeur palpitait à l'idée de faire des milliers de kilomètres en si peu de temps. Il ne me fallut que sept heures pour rallier la capitale de l'Irlande à ma destination. Et environ le double pour qu'enfin ait lieu ma rentrée universitaire. Pour tout avouer, je ne me souviens que très peu de cette journée, les seuls souvenirs clairs que j'en ai, sont d'avoir suivis une magnifique jeune étudiante à une résidence ou était organisé une fête grandiose où la boisson coulait à flot. Le lendemain matin, malgré un mal de crane flagrant, ma seule envie fut de recommencer au plus vite. J'ai posé ma candidature chez les Delta et j'y ai passé des années mémorables. Moi qui ne connaissais rien à la fraternité, j'y ai appris la confiance et surtout la loyauté envers ses frères et soeurs.