Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Tout simplement parce que je vis à Chicago et qu'il me paraissait logique que j'aille à celle-ci et pas une autre. D'autant plus que sa réputation est correcte voir même meilleure que certaines universités d'Ivy League qui sont d'autant plus moins accessibles financièrement.
Quelles sont vos sources de financement universitaire ? J'ai réussi à avoir une bourse -assez étrangement d'ailleurs- mais je travaille tout de même pour assurer mes finances. Papa et Maman m'aident de temps en temps mais la boulangerie fait qu'ils ne sont jamais garants d'avoir un revenu stable et par moments c'est plutôt difficile pour eux.
Que pensez-vous du système de confrérie ? La base de toutes les universités américaines. Il serait bien étrange de ne pas retrouver cette organisation au sein de cet établissement. Sur le principe j'aime bien le fonctionnement de ces confréries. Elles permettent de nouer des liens avec des personnes qui nous ressemblent et de pouvoir participer à la vie active de l'université grâce à la compétition interconfrérie. Il est évidemment dommage que personne ne trouve son compte.
D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Pendant mes trois premières années, je souhaitais me concentrer sur une chose : mes études. Alors les confréries, je n'y ai pas réellement prêté attention. Néanmoins beaucoup de mes amis en avaient rejoint une alors j'ai décidé, cette année de suivre le mouvement. J'ai opté pour les Zeta Psi qui est la confrérie qui me correspondrait le mieux, notamment pour mes rêves ambitieux. Celle qui me permettra de ne pas me perdre en chemin dans les soirées ou autres. Une confrérie soudée, dont les étudiants seront toujours là pour moi. Une confrérie qui possède des atouts importants pour le bon déroulement de ma vie étudiante. C'est pour ça que cette année je me lance et désormais il faut que je réussisse mon bizutage. Un moment difficile à passer mais amusant dans un certain sens...
- Hamlet est simplement un ado : Il est tenaillé par tous ses désirs, mais n’a pas assez de bouteille pour les assouvir. Il devient fou et se branle en pensant à Ophélie, et devient si emmerdant qu’il faut que quelqu’un le tue.
- Je ne suis pas sur d’être d’accord. Il n’y a pas de branlette dans Hamlet.
- Si, Il y en a. Plein même. Seulement ils appellent ça des monologues.
Si vous êtes à la recherche d’une histoire qui fera pleurer dans les maisons, vous êtes au mauvaise endroit. Pas de passé déchirant, de parents méprisables, d’enfance misérable ou de souvenirs traumatisants… L’élément le plus désolant du récit qui suit, d’après Ariel, c’est la présence de ce troll qui lui sert de frère, Uriah adopté le 27 mai 2012, un grand dadais qui n’a pas inventé les iphones et qui a pour seule et unique mission de faire de sa vie un enfer. Qui l’envoya à l’hôpital en l’assommant avec un petit tuyau alors qu’il se prenait pour Dark Vador ? Uriah. Qui mélangeait son dentifrice avec ses crèmes de beauté ? Uriah. Qui l’envoya chercher son maillot de bain dans la cour du voisin au risque de se faire dévorer par le chien qui y vivait (une bête féroce, aux dents acérées, plus effrayante que n’importe quel monstre à en croire la jeune fille) ? Uriah. Qui la surnomma la petite sirène alors qu’elle était au lycée et s’arrangea pour que ce nom la suive jusqu’à maintenante ? Uriah. Pire qu’un esprit frappeur qui a choisi sa prochaine proie, Uriah est toujours là, tapi dans l’ombre, préparant son prochain coup… De ce fait, il ne pouvait qu’être également présent lorsque quelque chose d’hors du commun arrivait à sa sœur (demi), se révélant parfois même utile — même si elle ne l’avouera jamais. L'exemple le plus frappant ? Le voici :
« Bouge tes pieds d’là. » S’exclame l’adolescent, une grimace défigurant son visage alors que sa sœur, elle, ne peut s’empêcher d’arborer un sourire satisfait en approchant encore un peu plus ses pieds de son nez.
« T’as qu’à m’donner la télécommande. » Ah, la télécommande. Le précieux. L’objet qui a séparé plus d’une famille, la cause d’un fratricide sur deux.
« Crève ! » Un dialogue aussi posé, des échanges agréables et toujours polis… Voilà ce sur quoi se basent leur relation.
« T’avais qu’à arriver avant. » Rajoute t-il, décidé, les yeux rivés sur la télévision, essayant d’ignorer de son mieux le gros orteil d'Ariel qui s’enfonce dans son oreille. Dans le genre casse-noisettes (restons polis), on ne fait pas mieux que la plus jeune des Swanson… Et malheureusement, Uriah est loin d’être patient.
« Dégage ! » ordonne t-il en se redressant, s’apprêtant à lui pincer la jambe… Mais, la sonnette retentit, l'arrêtant dans son élan. Les deux enfants (bien qu'ils aient atteint l'âge adulte) se figent, se toisent quelques secondes du regard. Quelqu’un vient de sonner. L’un d’eux doit se lever et ouvrir la porte. Or, aucun n’a envie de lever ses fesses du canapé. Fainéant, voilà un terme qui décrirait à merveille le frère comme la sœur.
« T’es l’plus près. » s’empresse d’argumenter la fillette.
« C'est toujours moi qui y vait ! » « C’est même pas vrai ! » Correction, fainéant et têtu.
« Pierre, feuille, ciseaux ? » propose la plus jeune, en avançant son poing, clos, geste qu’imite aussitôt Uriah.
« Pierre, feuille, ciseaux. » Voilà comment se régler ce genre de conflits chez les Swanson. Un soupire. Un cri de joie.
« Sois pas dég. » « J’te déteste. »D’un pas lasse, Ariel se dirige vers la porte qu’elle ouvre sans grande conviction. Aussitôt, un hoquet de surprise lui échappe. Sur le porche se trouve un homme à la carrure imposante vêtue d’un très beau costume. Or ce n’est ni son élégance, ni sa musculature qui attirent l’attention d'Ariel… Mais plutôt sa taille. L'homme qui lui fait face mesure facilement deux fois la taille de son chat, Nemo.
« À croire que tout le monde à la même réaction en me voyant, c'est affligeant. » l’entend t-elle marmonner en l’observant entrer bien qu’il n’y ait pas été convié. La fillette s’écarte pour lui faire place, toujours aussi stupéfaite.
« Ariel Swanson ? » demande l’inconnue.
« Je me présente, Arthur Peterson, directeur de l'institut des sciences à Washington. » « Pardon ? » intervient alors Uriah qui a quitté le canapé quelques instants plus tôt et l'a rejoint, inquiet en n'obtenant aucune réponse à la question
« Qui c'est ? ».
« Arthur Peterson, directeur de l'institut des sciences de Washington » répète t-il, le ton froid.
« De science ? » insiste Ariel.
« Ariel, tais toi. » réplique aussitôt son frère en saisissant son bras. Voici l’une des majeures différences entre les deux enfants… Alors que la plus jeune était prête à boire les paroles de l’inconnue, Uriah, lui, était beaucoup plus sceptique, une nécessité pour protéger cette sœur si naïve qui se noie si facilement dans le monde qu'inventent certains auteurs.
« Je pense que cela est un canular, qu'est ce qu'elle viendrait faire chez nous et pour toi.» « Des fous se sont échappés d’un hôpital psychiatrique ? » À cette pensée, l’adolescent saisit le poignet de sa soeur et l’entraîne dans une course effrénée au cours de laquelle elle manque à plusieurs reprises de mesurer le sol. Ce n’est qu’après l’avoir amenée dans une petite pièce et avoir fermé la porte derrière eux qu’il accepte de relâcher sa prise. Des heures, ils attendirent dans cette minuscule salle de bain avec pour seule arme leurs brosses à dents. Des heures avant que leurs parents, propriétaires d’une boulangerie, ne rentrent chez eux pour retrouver cet homme, ce demi-humain, assis sur leur canapé bien trop grand, un verre de menthe à l’eau à la main.
« Je me suis permis… » explique ce dernier.
« … l’accueil n’étant pas le fort de vos enfants. » Ce n’est qu’après une longue conversation ponctuée de preuves qu’il parvint à convaincre chaque membre de la famille de l’identité d'Ariel.
Une surdouée.
Depuis ce jour, Ariel n’a pas tellement changé… Elle est toujours aussi chiante, aussi naïve, aussi rêveuse si ce n’est plus. Maintenant qu’elle sait qu'elle est de loin l'enfant pleine de savoir de la famille Swanson, comment ne pas espérer qu'elle deviendrait un jour célèbre ? Comment ne pas espérer que des livres lui seront dédiés ? Comment ne pas en vouloir à son frère, convaincue que cet homme se trompe sur son cas ? Comment ne pas vouloir gouter chaque fiole qui traîne en salle de chimie
« juste pour voir ce que ça fait » ? Comment ne pas vouloir être l'inventrice de nombreuses choses dont l'homme n'a toujours pas eu l'idée de penser comme les kleenex à paillettes ? Eh oui, c'était bel et bien l'histoire d'Ariel Swanson, surdouée en science et qui malgré la bourse proposée par l'institut, demeura une étudiante lambda en astronomie au sein de l'université de Chicago. Une triste fin pour une scientifique qui rêve de créer, un jour, un portail téléportatique qui l'emmènerait au pays imaginaire.