Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Je ne sais pas vraiment si l'on peut parler de choix. Étudier à l'université de Chicago s'est imposé de lui-même, après que toute ma famille y ait passé. Mon père, ma mère, mon grand frère, ma grande soeur et maintenant moi. Attention, ne croyez pas que je suis là par dépit, ni par obligation. J'aurais pu choisir n'importe quelle université, mais je voulais rejoindre mes aînés. Alors je suis fière de faire partie de cette institution, au moins tout autant que l’administration doit être fière de m'avoir ici. C'est pour cela que, quand nous avons emménagé à Chicago après avoir longtemps cheminé en Angleterre et en Californie, j'ai à mon tour commencé mes études ici.
Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Papa, et puis maman aussi bien sûr, qui d'autre? L'argent que je gagne à côté des cours en faisant du mannequinat est réservé à mes séances shopping. Mes parents sont riches, alors pourquoi devrais-je me soucier de payer mes propres études? Je plains ces pauvres gens qui doivent travailler à temps partiel pour pouvoir espérer entrer dans leurs frais à la fin du mois. Mais bon, ça ne m'empêche pas de vivre pour autant! Je profite de la vie qui m'a été offerte, en posant de temps à autre pour les appareils photos et en laissant les autres payer pour moi.
Que pensez-vous du système de confrérie ? C'est un peu là tout l'intérêt de l'université, en dehors des études. Une fac sans confrérie, c'est un peu comme une tartine sans confiture ou un chocolat chaud sans marshmallow: ça marche, mais ce n'est pas franchement génial! Maman m'a tellement parlé de ses années fac, elle me racontait les aventures qu'elle avait passées avec ses frères et soeurs de sa confrérie. Une amitié qui durait toute la vie qu'elle disait. Enfant, ça me faisait rêver, alors dès que je suis arrivée à l'université, j'ai tout de suite voulu tenter ma chance.
D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Je n'ai jamais hésité en arrivant à l'université, je savais déjà dans quelle confrérie je voulais entrer. J'ai tracé devant la fameuse sororité Alpha Omicron Pi. Je n'ai même pas regardé les Delta Upsilon, que ma soeur avait rejoint deux ans plus tôt. Car j'avais jeté mon dévolu sur la confrérie qui avait tour à tour accueilli mes deux parents et mon grand frère: les
Phi Delta Theta. Fille d'un Windsor et d'une mannequin, j'avais toute mes chances. Et là, j'étais sûre que je n'allais pas m'ennuyer, je serais entourée de gens comme moi. Bien sûr, il y en a toujours pour être plus riches et plus célèbres, mais je me sens dans mon élément ici. J'ai eu un peu peur que mes choix d'études puissent rebuter mes futurs frères et soeurs, mais finalement tout s'est bien passé. J'étais d'ailleurs tellement fière d'être entrée dans la confrérie que le bizutage est passé comme une lettre à la poste. Bon d'accord, j'avouerai que ce n'était pas si facile que ça, c'était même difficile, mais j'étais réellement motivée, je voulais prouver à mes parents que j'étais digne de suivre leurs pas. Alors à chaque fois que je passais un moment difficile, je pensais à eux et j'ai pu surmonter toutes les épreuves. Y compris celle de me rendre en cours en sous-vêtements. Et celle où j'ai dû envoyer des lettres d'amour à la moitié des Sigma Chi. Mais au final, ça en a valu la peine car je suis maintenant une fière membre des Phi Delta Theta. Je comprends ma mère lorsqu'elle me disait que c'était les meilleures années de sa vie. Je me suis fait de sacrés amis ici et je sais qu'ils sont là pour moi, malgré ce que les autres peuvent dire. Et puis, j'ai rencontré mon futur mari par ici aussi...!
30 mai 2008
Aujourd’hui, grand-mère m’a offert un journal intime. À moi, sa petite fille chérie. Pour mes quatorze ans, j’aurais quand même espéré recevoir une robe Gucci ou un sac Dolce&Gabbana. Mais non, elle m’a offert un fichu journal intime. C’est pas croyable. Mais bon, pour lui faire plaisir, je vais quand même écrire dedans. Même si ça ne sert strictement à rien. Belle m’a dit que dans un journal, on est censé écrire notre vie, son déroulement et tout ce qu’on veut. Pour écrire ça, faudrait peut-être déjà que toi, petit journal de pacotille, tu saches qui je suis.
Je suis née Margaret Windsor, mais aujourd’hui on met connaît plutôt sous le nom de Maisie Davenport. Margaret, c’est le prénom de la grand-mère de maman, ça fait vieux. Je préfère qu’on m’appelle Maisie. Et puis Windsor transformé en Davenport, le nom de maman, c’est la faute de Belle. Elle en avait marre qu’on la considère comme un membre éloigné de la famille royale d’Angleterre, alors que moi je trouvais ça plutôt classe. Mais bon, comme mon grand-frère a également fait le changement, je les ai suivis. Et puis finalement ça ne me gêne pas trop, maman est un mannequin célèbre, alors porter son nom ne peut que m’ouvrir des portes plus tard.
J’ai un grand frère et une grande sœur, ce qui fait de moi la benjamine de la famille. Et la plus aimée, mais ça papa et maman ne l’avoueront jamais. On se dispute parfois, mais je les aime, mon frère et ma sœur. On est nés tous les trois à Brighton en Angleterre, mais on a récemment déménagé en Californie, aux Etats-Unis. Ça m’a fait mal au cœur de quitter mes amies. Quand je pense à elles, je me dis que la Californie, c’est quand même un rêve et qu’elles sont certainement toutes jalouses d’être restées dans la froide et pluvieuse Angleterre.
… J’y crois pas. J’aurais finalement bien écrit aujourd’hui. C’est ridicule. Je vais te balancer dans un carton, journal débile, et ne plus jamais t’en sortir.
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1er septembre 2010
Je sais, j’avais dit que je ne te sortirais plus jamais de ce carton dans lequel tu moisissais. J’ai quand même tenu plus de deux ans avant de le faire. Mais j’ai décidé que j’écrirais de temps à autre ce qui m’arrive, quand j’ai bien envie de le faire. Et là j’ai envie. On a encore déménagé. Cette fois, on a atterri à Chicago. J’ai dû abandonner les amies que je me suis faite en Californie. Encore une fois. J’espère vraiment que c’est fini ces déménagements, j’ai envie de me poser et d’arrêter de devoir rencontrer de nouvelles personnes.
Pour mes seize ans, j’ai eu le droit à une grosse fête, le fameux
Sweet Sixteen. Des amies mannequins de maman sont venues et la barre a été mise très haute, personne de mon école n’a réussi à faire mieux. Papa et maman m’ont laissé acheter la tenue de mes rêves et des bijoux qui ont plus de valeur que le salaire annuel de la plupart des gens. Et le clou de la soirée, une voiture. UNE VOITURE. Sérieux, on ne parlait plus que de ma fête après coup. Mais maintenant je suis bonne pour recommencer à zéro, personne ne me connaît à Chicago, à part ma famille. Génial.
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28 août 2012
Les vacances se terminent bientôt. Malheureusement. J’ai terminé le lycée major de ma promotion, au plus grand étonnement de la plupart des gens. J’imagine qu’ils ne voient qu’en moi une petite blonde riche avec un QI des plus bas. Bien fait pour eux. Je suis au top de la mode et je prête énormément d’attention à mon apparence. Normal, je suis belle. Mais je suis aussi loin d’être débile et je suis fière d’avoir pu prouver à ces imbéciles qu’ils avaient tort à mon propos. À la rentrée, dans peu de temps, je vais entrer à l’université de Chicago. Et j’ai décidé que j’allais leur montrer une fois de plus que je ne suis pas que cette magnifique jeune femme au porte-monnaie bien rempli, je suis aussi intelligente que tous les autres. C’est pourquoi j’ai choisi des études en astronomie, avec une spécialisation en exobiologie. Mes amies sont plutôt parties dans des directions plus artistiques, mais moi je sais que je vaux plus que ça. J’ai également commencé une carrière de mannequinat, sur les traces de maman. Elle ne pourrait être plus fière de moi qu’elle ne l’est déjà. J’ai la beauté, l’intelligence, l’argent. Il ne me manque plus qu’un petit copain qui pourra plus tard m’entretenir aussi bien que le font papa et maman aujourd’hui.
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19 septembre 2013
KYAAAAAH ! Je suis officiellement une membre des Phi Delta Theta, la meilleure confrérie qui soit. Elle regroupe les étudiants les plus riches et les plus célèbres de l’université, alors pas étonnant que j’y sois entrée ! Après une année comme bizut, c’est à mon tour de rendre la vie dure aux petits nouveaux. En tout cas, je suis complètement intégrée et je dois dire que je me sens bien par ici. Je partage une chambre avec une autre fille. Je ne la supporte pas, mais impossible pour l’instant de changer de colocataire. Je trouverai bien un moyen de lui pourrir la vie si elle n’arrête pas de pourrir la mienne.
Ma première année à l’université s’est bien passé. J’excelle toujours autant dans mes études : je le savais, je suis faite pour ça. Pas que j’aie besoin de trouver un travail une fois que j’aurai trouvé un riche fiancé prêt à tout pour moi. Mais au moins je pourrai rétorquer à la moindre personne que j’ai fait de grandes études et que je ne suis pas débile. Je pense que quand je serai mariée, je ferai comme maman : je serai mannequin à plein temps. Et quand le temps sera révolu pour moi, je sortirai mes propres gammes de vêtements et de parfums. Ah, de l’argent coulera à flot. J’ai hâte.
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14 août 2015
Voilà deux ans que je ne t’ai pas écrit. A vrai dire, seules quelques pages ont été noircies depuis que je t’ai reçu il y a sept ans. Il faut croire que ce n’est pas mon truc, d’écrire.
Je vais entrer d’ici peu en quatrième année, ma dernière année de bachelor. Jusque-là, aucun faux pas. J’ai commencé à avoir une certaine reconnaissance dans mes études comme dans ma carrière de mannequin. Chez les Phi Delta Theta, je suis vraiment à ma place. J’ai d’ailleurs un petit ami depuis près d'un an et c’est plutôt sérieux (son compte en banque est sacrément rempli, je suis sûre que c’est le bon) ! Papa et maman l’ont déjà rencontré et je crois qu’ils l’apprécient. En même temps, il est beau, riche et il sait ce qu’il veut dans la vie. Comme il est le fils du PDG d’une grande entreprise, il m’emmène souvent à ces galas où je peux étaler à la fois ma beauté et ma réussite dans la vie. Ah, qu’est-ce que je ferais si je n’étais pas moi ?