ana ~ she used to be a pearl

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ?
Parce que je fais confiance à mon université ? Non en réalité parmi toutes les universités présentées dans le cadre d'un échange avec celle de Calgary, celle Chicago me semblait être le meilleur choix. Quitte à partir un an à l'étranger pour voir de nouveaux horizons, autant se donner les meilleures chances de réussite scolaire en rejoignant les rangs d'une université de très bonne renommée. Partir étudier à Chicago représente surtout pour moi une opportunité de préparer au mieux mon diplôme en découvrant de nouvelles méthodes d'apprentissage, de travail et peut-être même de soins animaliers !

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Même si j'aide dans un zoo à temps partiel, principalement pour en apprendre plus pour mes études et aussi me faire un peu d'argent, ce sont mes parents qui financent toutes mes études, y compris ma venue à Chicago. Heureusement, l'université étant à l'origine de cet échange, des aides sont proposées aux étudiants y participant mais aussi selon le niveau et l'implication aux études.

Que pensez-vous du système de confrérie ? C'est quelque chose de plutôt nouveau puisque l'on en trouve beaucoup moins au Canada donc je découvrirais tout ça surtout à la rentrée. Cependant d'après ce que j'en ai entendu, ça m'a l'air d'être quelque chose d'assez impressionnant et important aux États-Unis. Je pense que ce peut-être un bon moyen de s'intégrer et de trouver sa place parmi tout ce monde. Se savoir dans un groupe, avec des personnes qui nous ressemblent plus ou moins et non tout seul, c'est très important en tant qu'étudiant alors je pense que ça peut être pas mal. Après, je suppose que ça a aussi ses mauvais côtés et inconvénients alors tout ça reste à voir à la rentrée !

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Non, du moins pas pour le moment. Ce n'est pas que je n'en ai pas envie ou que ça ne m'intéresse pas mais disons que c'est une partie de toutes les choses que je dois encore découvrir. Ça ne fait pas longtemps que je suis arrivée à Chicago et étant supposée ne rester qu'une année, je ne pense pas nécessaire de rejoindre une confrérie. Si j'ai décidé de participer à l'échange, c'est avant tout pour les cours alors je pense qu'il est important de me concentrer là-dessus plutôt que de tenter de rejoindre un groupe auquel je n'appartiendrais plus à la fin de l'année scolaire. Je préférerais d'abord rejoindre un club mais dans tous les cas, je compte bien profiter de cette expérience américaine !

8 ANS. Assise dans la salle d'attente, Ana jouait avec ses doigts, balançant ses pieds d'avant en arrière, impatiente, inquiète. Elle ne cessait de regarder la porte, attendant que cette dernière s'ouvre enfin. À côté d'elle, ses parents et en face, une personne plutôt âgée qui lisait un magazine, les yeux de son chat perceptibles à travers la grille du panier. Anastasia esquissa un faible sourire avant de relever les yeux vers la porte lorsqu'elle-ci s'ouvrit. Les trois Wheeler se levèrent tandis que le vétérinaire s'approchait pour parler aux parents. "Je suis désolé mais votre chien n'a pas survécu. L'accident lui a causé de graves dommages, il avait très peu de chances de s'en sortir. Je suis vraiment désolé." L'homme jeta un bref coup d’œil vers la fillette qui, avait bien sûr entendu la conversation malgré qu'ils aient parlé plus bas que la normale. Debout, immobile, Ana sentait les larmes lui monter aux yeux petit à petit. La colère aussi, l'injustice. Si Lucky était mort, c'était pour la sauver, elle. Il n'aurait pas dû lui arriver une telle chose, ce n'était pas juste. "Non ! Ce n'est pas juste ! Je veux le voir !" "Je suis désolée ma chérie." Sa mère venait de la rejoindre et la serrer contre elle, passant une main dans ses cheveux. Elle aussi devait être triste, mais peut-être moins que sa fille. Ça pouvait se comprendre : à choisir entre son enfant et son animal de compagnie, il n'y avait pas de quoi réfléchir bien longtemps. Et de toute évidence, le chien avait passé beaucoup de plus de temps avec la fillette qu'avec les parents, rien qui ne sorte de l'ordinaire là-dedans. "Ce n'est pas juste... C'est à nous de les sauver et pas l'inverse... Je veux le voir, je veux lui dire au revoir." Ana se recula des bras de sa mère et regarda le vétérinaire avec insistance. Elle ne doutait pas qu'il avait fait tout son possible et ne lui en voulait pas. Au contraire, elle l'admirait. Et ce qu'elle avait dit, elle le pensait fortement. C'était aux humains de sauver les animaux et non l'inverse. Si elle était encore là aujourd'hui, c'était grâce à Lucky qui n'avait pas hésiter à se sacrifier et ça, elle ne l'oublierait jamais. Son chien non plus d'ailleurs. Elle ne voulait pas le remplacer par un autre animal, elle voulait juste lui rendre la pareille, malgré qu'elle ne puisse le faire revenir à la vie. Elle aussi plus tard, sauverait des animaux. Des chats, des hamsters, mais aussi des chiens, comme Lucky.


19 ANS. Allongée dans l'herbe, la tête posée sur le torse de celui qu'elle aimait tant, Anastasia profitait du début de l'été pour observer le ciel bleu et sentir les rayons du soleil sur sa peau. Les vacances étaient pour bientôt mais en attendant, tous les élèves profitaient des pauses pour aller se poser dans le parc, Ana n'y faisant pas exception. D'ailleurs, il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel aujourd'hui, ce qui lui fit décrocher un léger sourire. Elle adorait regarder le ciel, de jour comme de nuit. Mais ce qu'elle préférait, c'était bien entendu lorsque celui-ci était étoilé. Tout était tellement beau... "Ana ! Hey !" La brune se redressa, regardant sa meilleure amie s'approcher, comme si cette dernière avait quelque chose à lui annoncer. Elle échangea un regard avec Jay qui s'était lui aussi redressé, se demandant bien ce qu'elle pouvait venir leur annoncer. "Allez, arrête de rêver et suis-moi, j'ai quelque chose à te montrer." Fronçant légèrement les sourcils, la Wheeler se laissa tout de même entraîner par sa meilleure amie. "Qu'est-ce que c'est ?" Mais elle n'eut aucune réponse de la part de son amie qui venait de s'arrêter devant un tableau où étaient collées bon nombre d'affiches, sur tout et n'importe quoi. D'un signe de tête, elle lui indiqua celle qu'elle devait regarder. Ana s'approcha et se mit à lire les quelques lignes, intriguée par le titre "SAY HELLO USA". Un échange universitaire. Voilà ce qui leur était proposé. À tous. Tous les élèves pouvaient s'y inscrire - dans la limite des places disponibles bien entendu - et ils partaient l'année d'après. Alors ça, c'était vraiment quelque chose. Une opportunité en or, qu'elle devait absolument saisir. L'occasion rêvée de découvrir un autre pays déjà, les États-Unis en plus et puis, d'apprendre de nouvelles choses, différentes du Canada qu'elle connaissait si bien depuis. Ana devait y participer, ce voyage était fait pour elle.


21 ANS. Encore trois semaines avant le grand départ. Elle y était presque. Et plus la date se rapprochait, plus Anastasia ne pouvait conserver son impatience, qui se percevait dans sa bonne humeur et son dynamisme encore plus fort que d'habitude. Puisque Jay ne venait pas, elle avait décidé de passer plus de temps avec lui avant son départ. Ils ne se verraient pas pendant un certain temps et la jeune femme doutait d'avoir assez de temps pour passer sur internet de manière régulière alors autant en profiter avant de partir. Elle passait aussi plus de temps avec sa meilleure amie et sa famille, enfin tous les gens qu'elle aimait et qui ne partaient pas avec elle. Mais Jay un peu plus. Et d'ailleurs, elle avait décidé de lui faire une surprise en venant le voir à son appartement sans qu'il ne soit au courant. Alors montant les marches une à une en vitesse, ses boucles brunes se balançant dans son dos, elle s'arrêta finalement devant la porte, souffla un coup avant de poser sa main sur la poignée et de la tourner délicatement, sans faire de bruit. Il ne fermait jamais à clés lorsqu'il était chez lui alors ce genre de surprises, elle pouvait le faire quand elle le souhaitait. Une fois la porte refermée derrière elle, la jeune femme s'avança vers la cuisine où elle posa son sac et se dirigea ensuite vers le salon, où il devait sûrement se trouver. Esquissant un sourire, elle aperçut enfin la chevelure brune dans le canapé. Accélérant le pas, elle s'écria : "SURPRI..." Mais elle ne termina pas sa phrase. Jay était bien là. C'était vrai. Mais il n'était pas seul. Penchée sur lui, sa meilleure amie. Elle n'en croyait pas ses yeux. C'était quoi, un cauchemar ? C'est ça, elle allait se réveiller, ce n'était pas possible autrement. Ils ne pouvaient pas lui faire ça, pas eux deux. Son petit ami et celle qui était censée être sa meilleure amie... Le plus drôle dans tout ça, c'était qu'ils affichaient un air limite plus choqué qu'elle. Ils s'étaient tous les deux redressés et se tenaient face à elle, ne sachant que dire. Secouant la tête en leur adressant un regard aussi noir que les ténèbres, la Wheeler tourna les talons pour récupérer le plus vite possible son sac et sortir de là. "Ana, attends... c'est pas ce que tu crois !" S'arrêtant net, elle se retourna et extirpa son bras de la main du garçon : "C'est pas ce que je crois ? Non mais je rêve ! Tu oses me sortir ça ?!" L'expression de son visage traduisait maintenant ce qu'elle exprimait, de la déception, de la tristesse, de la haine, tout ça à la fois. Cette phrase des films complétement bidon, il venait vraiment de la lui dire ? "Je me fiche de savoir si c'était la première... " "Ana..." "Non toi tais-toi ! Je ne veux plus jamais vous adresser la parole, tous les deux ! Vous me dégoûtez..." Attrapant son sac, elle s'enfuit aussitôt, claquant la porte derrière elle et descendant les marches le plus vite possible, sentant les larmes couler sur ses joues. Finalement, cet échange universitaire tombait à pic. Elle ne voulait plus les voir et elle savait bien qu'ici, c'était impossible. Ils allaient tous les trois à la même université, suivaient le même cursus... Ils seraient forcément amenés à se croiser. Allez Ana, plus que trois semaines à tenir.